37.
Cantor rassemblait ses affaires dans la cale tandis que Dorn amarrait son
embarcation. Elle était fière. C’était sa première traversée réussie en pleine tempête,
et comme la saison ne faisait que commencer, elle était sûre qu’il y en aurait
d’autres. Elle avait mentalement pris en note les points à améliorer pour la
prochaine fois. Elle était en train de les récapituler lorsqu’un homme menaçant
s’approcha du quai.
« Bonjour mademoiselle, contrôle de routine. Ça vous gêne si on jette un œil ? »
Quelle routine ? Dorn n’avait jamais entendu parler de ça. Elle se méfiait.
L’homme n’avait pas l’air d’un officiel et elle n’aimait pas le regard qu’il lui jetait. A
en juger par son armement, Dorn pensa qu’il avait beaucoup plus l’air d’un chasseur
de prime.
« Je peux vous aider ? » demanda-t-elle en s’interposant. L’homme sourit et tira un
papier froissé de sa poche.
« Vous connaissez cet homme ? »
Sur le papier, il y avait un croquis du visage de Cantor et une somme suffisamment
impressionnante pour retenir l’attention des moins scrupuleux. Ewald surveillait la
scène en tâchant de rester discret.
« Jamais vu », répondit Dorn en lui rendant l’avis de recherche. « Maintenant, si vous
permettez, je dois débarquer ». Mais le chasseur de prime lui agrippa brusquement le
bras.
« Vous êtes le capitaine de ce rafiot ? Comment une femme a pu arriver jusqu’ici
malgré la tempête ? »
L’homme plongea son regard dans celui de Dorn, mais elle ne se laissa pas faire.
« Monsieur, je n’ai pas vraiment le temps de vous enseigner la navigation. Pourriez-
vous libérer le quai, s’il-vous-plaît ? Nous sommes un peu pressés. » Dorn se dégagea et remonta sur le pont. Elle repéra Ewald et lui fit un signe de tête discret.