57.
Ewald, Dorn et moi attendions que la personne sorte des fourrés. Une goutte de
sueur glissa sur ma tempe. Ami ou ennemi ?
Etait-ce un chasseur de prime un peu plus zélé que les autres ? Etait-ce Bartek ?
Non impossible, il ne pouvait pas déjà nous avoir rattrapé. Un autre sbire de
Tadeusz, alors ?
Ewald et Dorn ne savaient pas se battre. J’étais vraiment inquiet pour eux. Je lançai
un regard furtif en direction de leur cachette et perçus la même tension dans leurs
yeux.
Qui que ce puisse être, la personne se montra enfin. Immédiatement, je la tins en
joue.
« N’avancez plus ! »
Elle cria sous le coup de la surprise. Ewald la reconnut.
« Cantor, attendez ! »
Il sortit de sa cachette, suivi de Dorn, perplexe.
« Je vous reconnais ! » dit-il en s’approchant.
« Vraiment ? » demandai-je.
« C’est une des hôtesses de l’auberge » me répondit-il.
Dorn surenchérit. « Ah, mais oui ! C’est vous qui nous avez servi le thé à notre
arrivée. »
La demoiselle cligna des yeux. Son regard passa d’Ewald à Dorn, puis s’attarda sur
moi.
« Je me souviens de vous… mais pas de lui… c’est le troisième compagnon de
voyage que vous attendiez ? »
« Exactement ! » s’exclama Dorn, tout sourire, les mains sur les hanches.
« Cantor, vous pouvez baisser votre garde », me dit Ewald.
Je m’exécutai.
Le soleil était finalement levé. Même si je me méfiais toujours de cette femme, elle
ne semblait pas être une menace immédiate.