[EGREGORE] Partie I, chapitre 11

11.
Le chef m‘expliqua que Tadeusz avait acheté presque toute la ville. Que les
entrepôts qui brûlaient quand je suis arrivé lui appartenaient, et que pratiquement
tout le monde ici travaillait pour lui. Directement ou indirectement. “Et après
l’humiliation que vous venez de lui faire subir, il va sûrement chercher à se venger
de vous.”
“Il a frappé en premier, je n’ai fait que me défendre”, répondis-je. Mais le chef
ignora ma remarque.
“Et il va vous accuser d’avoir mis le feu à son entrepôt.”
“Quoi ? Mais je n’ai rien a voir avec ça ! C’est complètement faux !” Je me levai
d’un bond.
“Ça n’a aucune importance pour lui”, me répondit-il. “Il va vous tenir pour
responsable parce que vous étiez au mauvais endroit au mauvais moment.”
Je n’en croyais pas mes oreilles ! Le cité entière était donc prise en otage par un seul
homme. Un homme dont le seul pouvoir était de n’avoir aucun scrupule. Le chef
sembla deviner mes pensées.
“Il n’y a rien que nous puissions faire, monsieur Cantor. Vous devez comprendre
que ce sont les intérêts de toute la population qui sont en jeu. Vous ne trouverez
personne pour vous opposer à Tadeusz”.
Ces mots s’abattirent sur moi comme une sentence.