[EGREGORE] Partie I, chapitre 7

7.
Je réalisai qu’elle avait fini la traite. Je me demandai pendant combien de temps je
m’étais perdu dans mes propres pensées. Et pendant ce temps, je n’avais pas avancé
dans mon travail. Je me sentis confus et mal à l’aise.
“Ce n’est rien”, me dit-elle en me prenant le sac de graines des mains. Elle me
tendit une grosse poignée et commença à en éparpiller dans les enclos.
“Alors, vous l’avez essayée ?”, me demanda-t-elle.
“Euh… de quoi parlez-vous ?”, demandai-je, perplexe.
“De la flûte, voyons !” me dit-elle en riant. “Vous ne l’avez pas encore déballée,
n’est-ce pas ?”
Je souris à mon tour. Elle parlait de son cadeau de bienvenue. “Vous saviez que
j’étais musicien ?”, lui demandai-je.
“Une intuition. Je suis passionnée par le bois. Et par la musique. Je fabrique toutes
sortes de choses avec ce que je trouve, souvent des instruments. Etant petite, je
grattais les poutres pour faire des dessins avec les morceaux, que j’offrais à ma
mère. » Elle rit à ce souvenir. « Mon père me grondait souvent à cause de ça ! »
Ceci expliquait les griffures. Quelque chose me disait que la chambre qu’elle m’avait
donnée n’avait pas toujours été une chambre d’ami. « Vous avez des mains qui
ressemblent aux miennes”, me dit-elle.
Je regardai mes mains. “Et bien pour me rattraper, je vous jouerai quelque chose ce
soir”, lui dis-je.
“Super !”