9.
J’arrivai chargé de produits de la ferme. C’était la première fois que je mettais les
pieds dans cet endroit. Il y avait beaucoup d’agitation. Je tentai d’en localiser la
source quand je vis un bâtiment en feu que s’efforçaient d’éteindre les pompiers et
les volontaires. Je devais monter l’étal pour Radomìr, mais étant donné l’agitation
ambiante, je me demandai si je ne serais pas plus utile parmi ceux qui essayaient
d’éteindre le feu. C’est là que j’entendis un hurlement.
“QUI A FAIT CA ?”
Je tournai la tête et reconnus Tadeusz. Je crus percevoir quelque chose autour de
lui, mais je n’eus pas de temps de m’y attarder. Au moment même où son regard
croisa le mien, ses yeux s’injectèrent de sang.
Il se mit à marcher, presque courir vers moi. Je lâchai ma brouette de marchandise,
ancrai mes pieds dans le sol comme on m’y avait entraîné, en position de défense.
J’inspirai.
Arrivé à portée, Tadeusz tenta de me frapper au visage. J’esquivai. Il visa mon
ventre. Je parai le coup et ripostai d’un coup de coude. Il recula, le nez ensanglanté.
Ses yeux me lancèrent des éclairs.
J’expirai.
A ce moment, plusieurs personne s’approchèrent de moi.
“Quelqu’un pourrait-il m’expliquer ce qui se passe ?”, demandai-je, toujours sur
mes gardes.
Celui qui devait être le chef de la ville s’avança tandis que des gens éloignaient
Tadeusz qui se tenait le nez. “Vous vous rendez compte de ce que vous venez de
faire ?”, me dit-il d’un ton hostile.
“Non, dites-le moi”, répondis-je avec une pointe d’impatience dans la voix. Le chef
pris un moment et m’observa.
“Vous n’êtes pas de la région ?”
“On ne peut rien vous cacher.” Il soupira.
“Bon. Suivez-moi.”