22.
« On ne peut en être sûr. »
« Non. Mais on peut avoir foi. »
« Si vous voulez. »
Ewald était un homme de science. Il ne s’abandonnait que rarement à ce qu’il
considérait comme des superstitions, mais il savait qu’il était plus sage de ne pas
entrer dans un débat avec Dorn. Tant qu’il était possible de sauver la vie de cet
homme, il préférait se taire.
Après avoir fait boire le remède au gisant, il continua. « Aidez-moi, Dorn. Il faut le
transporter dans mon cabinet. Je pourrai ainsi recoudre la plaie et surveiller son
état. »
« Pas besoin, je le garde à bord. Je suis persuadée qu’il survivra. » Ewald se mit en
colère.
« Vous n’y pensez pas ! Que vous jouiez avec votre vie, cela vous regarde, mais vous
ne pouvez pas mettre en danger la vie d’un autre ! Je m’y oppose fermement ! »
« Sa vie n’est pas en danger. J’en ai l’intime conviction. Je larguerai les amarres dans
une heure. Si vous tenez vraiment à rester avec lui, vous pouvez embarquer. » Dorn
était calme tandis qu’Ewald fulminait devant tant d’inconscience.
« Très bien ! Je reviens dans une heure. »
« Oh ? » dit-elle, surprise, avant de rétorquer d’un ton malicieux. « Ça promet d’être
intéressant ».
« Vous jouez avec la vie d’un homme ! » L’herboriste en colère émit un râle
d’impatience et s’en alla rassembler ce qu’il pouvait de matériel médical.