[EGREGORE] Partie II, chapitre 40

40.
La nuit tombait et certains chasseurs de primes impatients n’avaient pas pu attendre
que le port soit complètement désert. Ils commençaient à fouiller les bateaux. Je
passais de temps en temps la tête pour les surveiller.
J’avais tenté de rassurer Ewald, mais je savais qu’il avait raison. En combat, je
pouvais tenir tête à un individu ou deux. Mais s’ils devaient être plus nombreux
dans cet espace confiné, je serais désavantagé. De plus, je préférais éviter le combat
autant que possible.
Il fallait que je trouve un moyen de passer entre les gouttes. Et il fallait que je le
trouve maintenant, avant que d’autres chasseurs n’arrivent et approchent le bateau.
Je relevai ma capuche et sortis le plus discrètement possible de ma cachette. Je me
dirigeai vers la poupe, en me servant des ombres pour me dissimuler, puis de là, je
lançai une corde à l’eau, ce qui émit un faible bruit. Je me figeai. La nuit tombait à
vue d’œil. Ils commençaient à allumer les torches. Certaines de ses torches
s’approchaient de moi. Je m’agrippai à mon bâton lorsque l’un d’eux cria : « Eh ! En
voilà un autre. »
Je me retournai pour distinguer la silhouette d’un chalutier qui s’amarrait au quai.
Je vis un homme en descendre. Il semblait pressé. Tous les chasseurs de primes se
dirigèrent dans sa direction. J’en profitai pour me laisser glisser dans l’eau le plus
délicatement possible. Pour être sûr, j’attendis dans l’eau qu’il fasse bien noir, puis
je contournai les bateaux à la nage.
J’avais échappé aux chasseurs de primes. Mais il y en avait sûrement d’autres. Et à
présent, je devais sortir du port et retrouver l’auberge dans laquelle se trouvaient
Ewald et Dorn.