[EGREGORE] Partie III, chapitre 61

61.
Heureusement que Sanja était notre guide. Eussions-nous même envisager de
chercher l’endroit que nous ne l’aurions jamais trouvé. Je tentai d’en retenir les
points de repères, ce que je peinais à faire, même avec mes années d’expérience de
vie en forêt. Cette forêt-là était pour moi un véritable labyrinthe.
Je sentais Dorn impatiente à l’idée de rencontrer la vieille dame. Tandis qu’Ewald
emboîtait le pas de Sanja comme s’il était son ombre. Il n’avait rien dit depuis notre
départ, mais nous savions qu’il l’avait remarquée à l’auberge. Même s’il se montrait
extrêmement discret, je le soupçonnais d’avoir développé une légère attirance pour
cette jeune femme svelte et indépendante.
« Nous y sommes », nous annonça Sanja en poussant une branche avec mon bâton.
La maison était si bien camouflée qu’elle nous paraissait comme translucide. On ne
pouvait en deviner les contours qu’en tournant autour. Alors les angles et les arêtes
se révélèrent au regard et nous vîmes un volume se dessiner. Comme par magie, la
maison sortait du décor, comme un trompe-l’œil. Quatre murs, un toit et une
cheminée.
Et une porte. Qui s’ouvrit lorsque Sanja frappa.
Et là, je la vis pour la première fois.