82.
Il était beaucoup plus fort que moi. Des années d’expérience de combat avaient fait
de moi un excellent juge en la matière. J’allais donc probablement mourir ici et
maintenant. Je me défendais comme un beau diable. Aucune stratégie d’attaque ne
fonctionnait sur lui et j’allais tout droit vers l’épuisement.
J’allais mourir au combat, sans jamais avoir répondu aux questions que je me suis
posées toute ma vie : où sont les miens ? A quel monde est-ce que j’appartiens ?
Qui suis-je ?
Soudain, je pensai que peut-être, je n’étais pas sensé être ici. Peut-être que la
mécanique habituellement si bien huilée de l’univers m’avait placé là par erreur.
Peut-être que je me sentais ne pas appartenir à ce monde parce que c’était le cas.
Parce que je n’étais qu’une âme délocalisée sur terre par erreur et que j’appartenais
ailleurs. Si tel était le cas, alors j’allais probablement trouver ce que j’avais tant
cherché à l’issue de ce combat. Si tel était le cas, alors je devrais remercier Bartek
une fois qu’il m’aurait tué.
Tout en me battant, j’entendis encore ce sempiternel sifflement cristallin et boisé
qui s’amplifiait, je regardai Dorn, Ewald et Hasel. L’espace d’un instant, j’eus
comme l’impression qu’ils l’entendaient aussi.