Partie IV
IAN
85.
« Où suis-je ? »
Il y a une seconde, Merunka était en train de désespérer dans son oubliette. Elle
était à présent dans un endroit indéfini, sans parois, irradiant d’une douce lumière
blanche et laiteuse, s’étendant à perte de vue sans jamais s’estomper. Elle se
retourna. C’est alors qu’elle me vit.
Elle courut dans mes bras et je l’embrassai si fort que je la soulevai du sol. J’étais si
soulagé de savoir qu’elle allait bien.
« J’étais si inquiète », me dit-elle. « Cet affreux bonhomme ne vous a pas tué,
finalement, quel bonheur ! »
« Ahem » fit Dorn, tandis qu’elle et Ewald se rapprochaient de nous. Hasel était là
aussi. « Vous ne nous présentez pas ? »
Une fois les présentations faites, Ewald posa la question que nous nous posions
tous.
« Que se passe-t-il, enfin ? »
« C’est vrai. Il y a un instant, nous combattions Bartek, et… »
« Bartek ? » s’exclama Merunka, horrifiée. « Et vous ne m’avez rien dit ? »
Vexée, Merunka me donna un coup de poing sur l’épaule. Ewald sourit.
« Je l’apprécie, cette petite. » Je le regardais, un peu surpris. Dorn continua.
« …et maintenant, nous nous retrouvons ici. »
« D’ailleurs, où est-ce, ici ? Où sommes-nous ? » demanda Merunka
« Aucune idée. Mais j’ai comme le pressentiment que Cantor sait quelque chose »,
postula Hasel.
Malicieuse et intelligente. Je n’avais pas l’habitude d’être un tel livre ouvert pour
qui que ce soit.
« Je ne sais pas grand chose, mais… vous vous souvenez quand je vous ai dit que
j’avais rêvé de vous tous avant qu’on se rencontre ? Ce rêve finissait invariablement
dans un endroit comme celui-là. Sauf qu’il y avait un hibou. Et un livre. Un livre
énorme dans lequel on pouvait se voir. »
« Bizarre… Et où est ce livre ? » demanda Dorn.
« Ce n’est pas la bonne question » dit la voix dans ma tête.
« Qui a dit ça », demanda Dorn surpris.
« Vous avez entendu la voix, vous aussi ? » demandai-je.
« On l’a tous entendue, je pense » dit Hasel, franchement intriguée.
« Qui êtes-vous ? » cria Ewald.
« Ce n’est toujours pas la bonne question » répondit la voix.
« Il y a une bonne question ? Alors pourquoi sommes-nous ici ? Pourquoi nous, et
pourquoi maintenant ? » demanda Merunka.
« Voilà la bonne question. »
Une silhouette apparut. Un homme. Je le reconnus immédiatement. Un vent
d’origine inconnue souffla et la voix que nous avions tous entendue pris corps
devant nos yeux.
« N’oubliez jamais de demander pourquoi », dit l’apparition en souriant.
« Vous ! » m’exclamai-je.