95.
Tadeusz galopait, toujours obsédé par la rage. Il arriva à la chefferie. Malgré
l’heure avancée, un attroupement s’était formé devant la porte du bureau du chef. Il
consignait consciencieusement leurs témoignages, comme il l’avait promis
publiquement.
Son poing se resserra sur son épée. Tadeusz ne pouvait digérer l’humiliation subie
plus tôt. Il descendit de cheval et, menaçant, se fraya un chemin dans la foule, qui
s’écarta rapidement sur son passage.
Le chef entendit le boucan et sortit. Lui et Tadeusz se retrouvèrent face à face.
« Tadeusz, posez votre arme, je vous en prie. »
« Menteur ! Lâche ! »
« Tadeusz, j’ai promis de consigner les doléances de chaque citoyen. Ce qui signifie
les vôtres aussi. Posez votre épée et parlons-en. »
« Non, j’ai fini de parler. Place aux actes. »