[EGREGORE] Partie IV, chapitre 97

97.
« Que croyez-vous accomplir, Tadeusz ? Pourquoi faites-vous tout ça ? »
« Taisez-vous ! Dégainez votre épée ! »
« Non. »
« Défendez-vous ! »
« Non. »
« Je vais vous tuer ! »
« Mourir ou me battre avec vous ? Je crois que c’est la première fois que je vous vois
offrir un choix à quelqu’un. »
Le chef sourit tristement.
« Vous m’avez manipulé, ainsi que toute la ville, pour faire vos quatre volontés.
Vous faites ça depuis longtemps. Trop longtemps. Impunément. Et c’est en partie
de ma faute. »
Le chef se plaça devant Tadeusz. « Mais cela suffit. Puisque vous me laissez le
choix, tuez-moi. Je revendique le droit de mourir comme je l’entends. »
Tadeusz ne savait plus quoi faire.
« Non… NON ! Vous avez tort ! Tout le monde veut vivre. Tout le monde a un
prix. Il suffit de le trouver. Tout le monde peut être acheté. »
« Et pourtant, je suis là et je vous offre ma vie gratuitement. Maintenant, vous
possédez quelque chose que vous n’avez ni acheté, ni échangé, ni volé. C’est
nouveau pour vous. Qu’allez-vous faire ? Qu’allez-vous tirer de ma mort ? Car c’est
bien là votre objectif, n’est-ce pas ? Gagner, gagner et encore gagner. »
Le chef s’agenouilla comme devant un billot. « J’espère sincèrement que vous n’êtes
pas en train de commettre votre première erreur de calcul. Vous avez toujours été
un si bon calculateur. »
Tadeusz ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Personne ne lui avait jamais rien
offert. Il avait toujours dû tout obtenir de lui même. Il ne savait pas comment
réagir à un don désintéressé et spontané. Ça n’entrait pas dans sa logique.
Il leva son épée au-dessus de sa tête. Le chef baissa la sienne…