[EGREGORE] Partie V, chapitre 115

115.
« Mais tout de même. Si je vais au bout de ta pensée, quelqu’un qui réfléchirait
comme toi finirait par abandonner la partie. Il n’aurait plus le goût de se battre.
Toi-même, tu as envie d’abandonner, c’est pour ça que tu es retourné voir
Merunka. Mais tu continues. Pourquoi ? »
« Disons que je cherche quelque chose. »
Elle fronça les sourcils et fit la moue.
« Je t’ai dit d’arrêter de te défiler ! »
J’avais oublié à qui je parlais ! « D’accord, d’accord ! » dis-je en riant.
« Qu’est-ce que tu cherches ? »
Je pris un temps pour l’observer. Qu’est-ce qu’elle était belle ! Sincère mais
intelligente. Simple mais subtile. Evidente, mais profonde. Elle respirait l’élégance
et la force. Son regard représentait la tendresse en y ajoutant l’expérience de l’âge.
Mes yeux accoutumés à l’obscurité plongeaient à s’y noyer dans le doux abîme des
siens. Je pris le temps de l’admirer, elle plongea son regard dans le mien. J’aurais pu
croire que la lune m’observait à travers ses pupilles étincelantes. Cet instant me
parut durer une éternité mais j’aurais voulu qu’il ne s’arrête jamais.
Je lui caressai la joue. Puis je lui répondis en une phrase : « Quelqu’un qui me
donnerait tort. »
C’était ma réponse. La valeur dont Ian me parlait et qui avait impressionné même
un dieu. Celle qui me faisait persévérer depuis de si nombreuses vies.
C’était l’espoir.